Jean-François Zobrist : Conférence – 1er avril 2015 – Paris

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« Un petit patron naïf et paresseux« 

Le 1er avril, Jean-François Zobrist, 47 ans de « carrière libre » à son actif, était l’invité de l’AFraME et de l’association MOM21. Dirigeant de la fonderie FAVI de 1980 à 2009, il revendique d’en avoir fait une entreprise où les ouvriers décident de tout. Convaincu qu’il n’y a pas de performance sans bonheur, et pas de bonheur sans responsabilité, il a décidé de laisser ses ouvriers s’autogérer en supprimant les échelons hiérarchiques…

« Un petit patron naïf et paresseux » ? C’est le titre décalé du livre autobiographique de Jean-François Zobrist, tout à l’image du personnage malicieux et décoiffant qui a « libéré » la fonderie FAVI et assuré son succès pour en faire le leader mondial de l’alliage cuivreux. Pourtant, le petit homme n’était pas tombé de la dernière pluie et n’a certainement pas chômé pour assurer la pérennité et la performance durable de l’entreprise picarde !

Sa recette : une méthode de management unique, fondée sur la confiance et la responsabilisation : « Chez Favi, les ouvriers décident de tout, sans contrôle« , explique-t-il. « Chacun est libre de faire ce qu’il veut, dès lors que cela sert l’intérêt d’un client interne ou externe, et que cela respecte le principe que l’homme est bon. Sinon c’est la porte ! «

On touche là au cœur du système Zobrist. Pour lui, « l’homme bon ne fait pas exprès d’arriver en retard, n’a pas besoin de pointages ni de contrôles, sait s’organiser, est hyper réactif, a une conscience innée de la qualité,… Quand on contrôle tout, les mauvais prolifèrent. »

Le patron a « libéré l’entreprise des improductifs, des contraintes, des exclusions…» et ne tolère que deux fonctions : « les créateurs de valeurs ajoutées et les chercheurs de chiffres d’affaires futurs« . Exit les autres, les « parasites » !

Inspirée de la méthode Kaizen d’amélioration continue, ce mode de management innovant est incontestablement à l’origine de la résistance de Favi à la concurrence internationale et de sa réussite. Car Jean-François Zobrist a créé un système dans lequel l’ouvrier heureux génère la performance.

« On n’impose pas le bonheur, on met en place les conditions de son émergence », rappelle-t-il. Le Chef de l’entreprise, soucieux de créer de la valeur ajoutée, s’attachera donc à rappeler aux RH qu’ils ont une mission essentielle : Rendre Heureux ! Le bonheur en entreprise passe par la libération de l’ouvrier, son autonomie, les responsabilités qui lui sont données, mais aussi par le respect, la complicité et beaucoup d’humanité.

« L’entreprise libérée ne peut l’être que si le patron aime les hommes », conclut-il. C’est incontestablement l’amour de l’autre qui a guidé Jean-François Zobrist tout au long de sa carrière : « Je ne crois pas en un dieu quelconque, mais je crois en l’homme ! »

Marie-Laure Meunier

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