L’ordre naît de l’incertitude

Robert Branche explique que la nature est fait d’incertitude, d’ordre et d’emboitement.

Que devant l’incertitude croissante qui augmente la complexité du monde, l’existence d’ordre et de règles internes ne doit pas réduire l’incertitude, mais faciliter son développement et son acceptation.

Le rôle du management est  d’abord de créer des conditions de l’émergence de la vie et la croissance, et non pas de les obtenir et de les définir. L’art du management est de tirer parti des dynamiques en cours, mieux saisir les opportunités qui se présentent, et ainsi  accroître les chances de survie à long terme de l’entreprise.

Diriger efficacement, c’est comprendre que, dans un monde fait d’incertitudes croissantes, d’emboîtements foisonnants  et d’émergences multiples, la décision importante n’est que l’exception, et que le quotidien est dans la mise en place et l’animation de processus souvent chaotiques et mal coordonnés dont émergera une performance globale permettant de se rapprocher chaque jour un peu plus de l’objectif visé.

Malheureusement face à la montée de l’incertitude et à la peur des échéances à venir, bon nombre de directions générales demandent toujours plus de comptes rendus, de prévisions, et sophistiquent sans cesse les systèmes de planification.

Diriger ce n’est ni réduire l’incertitude ni la complexité, c’est savoir vivre avec et en tirer parti. L’acceptation de ses propres limites et la compréhension de la complexité doivent conduire au lâcher prise, qui n’est pas le laisser faire. Le leadership qui donne du sens à l’action est plus que jamais nécessaire.

Sans leadership, l’entreprise se désagrègera aux hasards des initiatives prises. Chacun construira sa propre interprétation et sa propre compréhension. La culture commune n’existera plus et ses différentes composantes ne se comprendront plus.

Ou risque symétrique, elles se renforcera dans ses convictions internes, persuadée de sa supériorité, aveuglée par son expertise passée, et elle se réveillera trop tard.

Une stratégie résiliente allie réactivité à court terme et stabilité à long terme.

Il faut passer au management par émergence, et donner un sens au collectif en mélangeant anticipation et acceptation, leadership et lâcher prise, soutien et découverte.

Et sortir des débats actuels en France sur le coût du travail. Ils ne portent que sur le niveau des rémunérations et le montant des charges, oubliant que c’est de plus en plus un facteur réel, mais de deuxième ordre. L’Allemagne en fait la démonstration éclatante.

Le coût réel du travail, c’est-à-dire la relation entre la valeur ajoutée effectivement produite et les dépenses en personnel, dépendent de moins en moins du niveau de rémunération, et de plus en plus de la motivation, du niveau de formation et de la capacité à se confronter, à innover et à travailler ensemble.

Même si une réduction des charges constitue un atout non négligeable pour nos entreprises, il serait dommage qu’elle occulte un débat plus large sur la capacité des entreprises à dégager une nouvelle valeur ajoutée, en libérant le travail et l’initiative, en reliant compétitivité et bien-être.

L’animation de ce débat plus large dans lequel tous les acteurs peuvent prendre leur part, est l’objectif que se fixe MOM 21 pour 2014.