FAVI : Discours Jean-François Zobrist

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Vers la libération d’entreprise

Neuf mois après sa prise de fonction comme directeur général de FAVI, Jean-François Zobrist se heurte à la résistance de son encadrement sur ses projets de « libération » des salariés. Il a donc décidé de s’adresser directement au personnel à l’occasion de son discours de Noël. Je vous laisse savourer :

Ça fait neuf mois que je suis parmi vous… neuf mois que je vous regarde, et que je vois des gens courageux, de grands professionnels qui aiment leur métier, mais qu’on empêche de bien travailler. J’en suis arrivé à la conclusion que des gens comme vous, qui ont des qualités, n’ont plus besoin de carotte, ni de bâton d’ailleurs.

La carotte et le bâton sont indignes de professionnels comme vous. C’est pourquoi quand vous reprendrez le travail en janvier, les pointeuses seront démontées. Il n’y aura plus de pointage, vous n’êtes pas payés pour faire des heures mais des pièces, et des pièces bonnes. C’est pourquoi les sonneries seront aussi supprimées. Il n’y aura plus de primes non plus, nous prendrons la moyenne des primes que chacun a reçues au cours des deux dernières années et nous l’ajouterons au salaire.

Il n’y a pas de voleurs parmi nous, c’est pourquoi la porte du magasin sera démontée. On va mettre quelque part un panneau et un marqueur, et chacun indiquera non pas son nom, car cela n’est d’aucune utilité, mais ce qu’il a pris, de façon à pouvoir lancer les commandes de réassort.

Il n’y aura plus non plus de distributeurs de boissons payantes, mais dans chaque atelier deux distributeurs d’eau fraîche avec des sirops, et d’eau chaude avec des dosettes de café et de sucre.

Nous allons supprimer les clés à molette et doter chaque machine d’un lot d’outillage, et de plus, pour que chacun puisse s’équiper comme il l’entend, tous les salariés de l’entreprise vont disposer d’un chèque de 500 francs pour acheter ce que bon leur semble, du moment que cela a un rapport avec le travail.

Il n’y aura plus jamais de chômage partiel. Si un jour nous sommes obligés de recourir à de telles mesures, alors je mettrai d’abord les cadres au chômage, même moi. Il n’y aura plus jamais non plus de repas de cadres : nous mangerons tous ensemble ou nous ne mangerons pas.

Se tournant vers les cadres : comment allons-nous faire pour fonctionner à l’avenir ? A vrai dire, je ne sais pas. Je suis certain que vous méritez que nous fonctionnions autrement, mais je n’ai pas de modèle de remplacement. Je propose que, tous ensemble, nous faisions « en allant », en gens de bonne foi, de bon sens et de bonne volonté.

Ensuite Jean-François a tenu sa première réunion d’encadrement et leur annonçant aussi que c’était le dernière, et que leur rôle traditionnel de contrôle était du passé et que désormais ils guideraient, aideraient et animeraient les opérateurs jusqu’à ce qu’ils puissent être autonomes et mesurer eux-mêmes leurs résultats. Il appliquait là les principes de Jean-Christian Fauvet en mettant en place une gestion « par les hommes » et non pas « par les procédures ». La plupart des cadres se sont reconvertis dans les activités de recherche et de développement, ou dans la mise au point de méthodes d’amélioration continue.
Tohu