La libération d’une entreprise est elle un long fleuve tranquille ? : Conférence Agile Grenoble – Novembre 2015 (2/3)

,

« La libération d’une entreprise est elle un long fleuve tranquille ? »

Atelier Agile Grenoble 2015

C’est une belle énergie qui attendait l’équipe de MOM21 Rhône Alpes lors de cette nouvelle édition d’Agile Grenoble ce 19 novembre 2015. Nous avions tous à cœur de faire partager notre vision sur l’entreprise libérée et les nouvelles formes d’organisation basées sur la confiance et l’autonomie.

L’intention de cet atelier était de faire réfléchir sur les points communs entre les différentes expériences menées aussi bien chez Chronoflex, Favi, Teractem, Nicomatic, Egis, Tarvel, Zenika, Leroy Merlin ou encore Sogilis. Et essayer de répondre à cette question difficile : y a-t-il un modèle à suivre, un process à respecter, des erreurs à éviter ?

Quand on observe le fonctionnement atypique de ces entreprise, il faut bien distinguer l’explicite (ce qui se voit, plutôt de l’ordre des processus et des actions) de l’implicite (ce qui ne se voit pas forcément, plutôt de l’ordre des émotions, des croyances). Cette image de l’iceberg traduit bien la représentation de Otto Scharmer avec la Théorie U ou presencing : ce qui déclenche l’inspiration des leaders, ce n’est ni l’objectif ni le comment, mais plutôt la source intérieure et émotionnelle à partir de laquelle nous prenons nos décisions et puisons notre intuition.

Côté explicite, le travail de MOM21 sur les invariants permet de dégager des grandes caractéristiques sur les entreprises libérées autour de 3 axes : un management ancré dans le sens et une certaine vision du leadership, une culture de la confiance, une organisation construite sur l’autonomie et la responsabilisation. Autour de ces 3 axes, on retient souvent les mots de vision partagée, de valeurs communes, d’humilité, de transparence, de proximité, d’équité, de droit à l’erreur, de partage, d’auto régulation, de compétence, de liberté d’action.

Le côté implicite est plus subtil car moins visible mais non moins important. C’est lui qui permet de répondre à cette question : pourquoi des dirigeants se lancent dans cette aventure alors que d’autres n’osent pas, pourquoi cette énergie se transmet chez les collaborateurs, pourquoi certains leader sont inspirants et d’autres pas, pourquoi la libération d’une entreprise est d’abord une histoire de philosophie, de posture et d’incarnation ?

Pour Otto Scharmer, ces leaders libérés ont d’abord du affronter et vaincre les 3 ennemis de toute transformation : la voix de la peur (la plus présente), la voix du jugement (la plus déstabilisante), la voix du cynisme et de l’égo (la plus destructrice). Tant que ces voix sont présentes dans une organisation, il est difficile de lancer et d’incarner une véritable démarche collaborative, pour pouvoir laisser place à un esprit ouvert, un cœur ouvert et une volonté ouverte. Car comme le dit justement Frédéric Roque, le DG de Egis Lyon : »C’est d’abord une transformation individuelle qui permet la transformation collective, avec un point de bascule qui est propre à chacun ».

Selon moi, c’est aussi ce qui rassemble ces leaders libérés et les grands explorateurs du monde, de Magellan à Admussen ou David Neil : une certaine vision du sens de leur mission, la capacité à affronter l’inconnu et à surmonter ses peurs, un regard optimiste sur les événements, une connexion à ses ressentis et intuitions, un lien social fort et une haut niveau d’empathie, un lâcher prise sur la volonté de pouvoir et de maîtrise, et surtout des croyances sur l’homme, la confiance et la relation au travail.

C’est cette boussole de l’explorateur qui permet aujourd’hui à ces hommes et à ces femmes d’incarner une vision, une philosophie de l’entreprise de demain et surtout pas d’appliquer des concepts ou un modèle. Car c’est bien à chacun et à chaque organisation de construire son propre modèle qui a du sens. La clé de la réussite ne réside pas dans ce qui est fait mais bien plus dans l’énergie de chacun des acteurs pour mettre en œuvre les décisions prises.

Ce voyage là n’a donc rien d’un long fleuve tranquille, mais pour ceux qui ont décidé de le tenter, il procure un sentiment d’accomplissement et donne du sens à leur vie. Car libérer son entreprise, c’est aussi s’engager pour changer le monde.

Philippe BARAN

MOM21 Rhône Alpes